Affaires Plus – Février 2001
POUR LE MEILLEUR ET POUR LE PIRE
Par Nicole Côté
À un moment donné, nous connaissons tous notre part de malheurs et de déceptions.
À cet égard, un de mes anciens étudiants, qui a été confronté plus qu’à son tour à des situations tragiques, m’a enseigné que la différence entre gens heureux et malheureux n’est pas la présence ou l’absence de problèmes, mais la capacité de profiter de la chance quand elle passe et de transformer les situations désagréables en occasions d’apprentissage.
Jouir de la vie
Jouir de la vie, c’est d’abord bien se comporter face aux beaux cadeaux qui nous sont donnés. Il peut sembler évident d’apprécier ses talents, ses relations, sa richesse et son confort. Mais, en réalité, nous sommes portés à négliger ce qui constitue notre plus grand capital de bonheur et de succès et à accorder une importance démesurée aux irritants, aux embûches et aux petites déceptions qu’apporte le quotidien.
Plusieurs prennent pour acquis leur «fonds de commerce». Et c’est dangereux, car dès qu’on prend une personne ou une chose pour acquise, elle commence à disparaître de notre champ de conscience, puis de notre vie. Et il y a deux manières de prendre quelque chose ou quelqu’une pour acquise. la sous-estimer ou la surestimer. Profiter de la vie, c’est donc me rappeler régulièrement que j’ai la chance d’être douée, en santé, de vivre entourée de gens que j’aime et d’aimer mon métier, ma maison, mon chien, mes voisins, ma voiture etc.…
Puis, il y a les petits bonheurs à savourer lentement, goulûment, sensuellement : le soleil de l’hiver, le petit déjeuner qui s’éternise, l’ami rencontré par hasard, le sourire de la caissière du supermarché, la caricature du quotidien ou le gag de l’animateur de radio.
La morale de l’histoire est simple. Quand tout va bien ou à peu près bien, il faut s’en apercevoir, s’en imprégner au maximum et… penser faire des provisions d’énergie positive en prévision des périodes plus difficiles qui, un jour ou l’autre, peuvent se pointer.
Accueillir les événements
Il est normal que tout n’aille pas bien tout le temps et que nous connaissions, dans nos processus d’amélioration constante, des périodes de recul ou de stagnation.
Selon le principe de Murphy, si un malheur peut arriver, il arrivera. Et, comme le veut la loi des séries, il n’arrivera vraisemblablement pas seul.
Alors, quand surgit l’événement malheureux, il faut simplement l’accueillir comme faisant partie intégrante d’une vie «normale». Cela évite de perdre son énergie à se révolter contre l’inévitable, à se dire qu’on ne le mérite pas ou à regretter de ne pas l’avoir prévu ou évité. Tout cela ne veut pas dire toutefois qu’il faille éviter à tout prix les sentiments négatifs. Les sentiments, comme la peur, la peine, la colère, la jalousie, sont porteurs de beaucoup d’énergie. Et, si on veut demeurer vivant, il faut apprendre à utiliser cette énergie de façon constructive plutôt que de la faire exploser ou de la retourner contre soi.
Utiliser l’énergie négative
La première chose à se dire quand tout va mal, c’est que toute descente est habituellement suivie d’une remontée. L’optimisme ne résout pas tous les problèmes mais il constitue un antidote puissant contre le découragement et la dépression.
En second lieu, il est bon d’établir un parti pris systématique en sa propre faveur. Autrement dit, quant le sort est défavorable, quand les amis deviennent des ennemis, il ne faut surtout pas se blâmer, se négliger ou s’abandonner soi-même. C’est au contraire le temps de prendre parti pour soi, de décider que quelque part on a sûrement raison. Et surtout, il ne faut jamais s’en vouloir d’être triste.
La troisième stratégie exige la confiance en soi et le courage nécessaires pour passer à l’action, pour se débarasser de ce qui nuit ou fait mal le plus rapidement possible. Même si on ne sait pas ce que l’on veut, le fait de savoir ce qu’on ne veut pas est suffisant pour bouger.
La quatrième attitude à adopter consiste à refuser l’échec en apprenant de ses erreurs. Cela implique de la lucidité face à son propre comportement et à ce qu’il est possible de remettre en cause chez soi. Lorsque les autres sont blessants ou déplaisants mieux vaut modifier ses approches face à ces derniers ou changer d’idée et d’objectif que d’essayer de les transformer. Et puis, l’humour a toujours sa place et le cynisme peut servir. Le fait de se remémorer qu’on en a vu des pires peut immuniser contre les réactions extrêmes. Et il y a toujours la possibilité de rire de sa malchance et, comme Zorba le Grec, de danser sur les débris de ses illusions.
Enfin, il peut aussi arriver un moment où il ne reste plus qu’à pleurer et à tenter de se consoler. Llorsque tout est perdu, on acquiert la liberté de ceux qui n’ont plus rien à perdre. Quand on a tout raté, on a la latitude de ne plus essayer. On prend congé.