Affaires Plus – Février 2008
Par Nicole Côté
Les gens qui ne parlent pas assez, font généralement moins de gaffes que ceux qui parlent trop.
Je l’ai appris à mes dépens, le jour où j’ai gagné une mention honorable à un concours de piano des Jeunesses musicales du Canada. Heureuse d’avoir été choisie, j’ai fait un long discours pour remercier mes parents et mes professeurs. J’ai alors compris qu’il serait approprié, en certaines occasions, de réfréner mon naturel loquace.
Le silence n’est pas valorisé dans nos vies trépidantes. On passe beaucoup de temps en réunions au cours desquelles les beaux parleurs ont l’occasion de se faire valoir. Et si un individu ne participe pas activement à la conversation, on peut aisément interpréter son silence comme un manque d’intérêt, d’implication, voire d’intelligence. Pourtant, si on portait attention au contenu des multiples échanges formels et informels qui meublent notre espace social, on réaliserait qu’il est souvent plus sage d’éviter d’y ajouter son mot que de le faire.
Quand vous n’êtes pas sûr de ce que vous à dire, attendez!
Tel est le premier principe que m’a inculqué mon mentor, au tout début de ma carrière. Elle m’a démontré qu’il est imprudent de réfléchir tout haut quand on entre en contact avec des gens qu’on ne connaît pas. Mieux vaut avoir les idées claires avant de se lancer dans une discussion.
Quand on ne vous demande pas votre opinion, évitez de la donner
Un célèbre psychanalyste disait qu’on risque de faire outrage aux autres lorsqu’on leur apprend quelque chose dont ils ne sont pas conscients. Il est donc indiqué d’attendre que l’information soit requise avant de la fournir. Et si vous tenez malgré tout à vous prononcer sur un sujet, tentez de susciter chez l’autre le désir de vous entendre plutôt que de vous imposer.
Quand vous avez fait le tour d’un sujet, concluez
Soyez bref, résistez à la tentation d’entreprendre un second tour. Faites confiance en l’intelligence des gens. S’ils n’ont pas saisi la quintessence de votre discours, ils vous le diront. Si vous en doutez, évitez de rajouter des arguments et des exemples. Demandez-leur plutôt de répéter ce qu’ils ont compris.
Quand vous êtes en présence de personnes moins expérimentées que vous, abstenez-vous d’étaler votre savoir
Même si elles parlent de choses que vous savez depuis longtemps et d’expériences que vous avez déjà vécues, laissez-les s’exprimer. Permettez-leur de déployer leurs ailes et permettez-vous de revisiter vos connaissances sous leur jeune et fraîche autorité.
Avant de raconter votre vie, vérifiez donc s’il n’y aurait pas un sujet plus intéressant à mettre à l’ordre du jour
La dernière fois que j’ai dîné à mon restaurant préféré à Paris, mes voisins de table ont entrepris de me raconter les détails de leur voyage à travers l’Europe. J’aurais préféré parler des Champs Élysée ou même du président Bush. J’ai eu la chance que le patron de la boîte vienne me dire que ma table préférée venait de se libérer.
Quand quelqu’un se met à pleurer, n’essayez pas de le consoler. Laissez-lui exprimer sa peine et offrez-lui un kleenex
Le silence attentif est le plus doux des compagnons pour celui et celle qui souffre. Résistez à la tentation de faire quelque chose pour évacuer votre propre stress ou de prouver que vous êtes capable d’aider.
Quand quelqu’un a fait une grosse bêtise et vous dit qu’il est sincèrement désolé, il est rarement utile de commenter
S’il arrive à quelqu’un qui a pris un verre de trop de commettre un impair, rien ne sert de lui répéter qu’il a trop bu, parce qu’il
ne peut tout simplement pas « dé-boire ». Il faut calmer le jeu, réparer les pots cassés et passer à autre chose.
Finalement, quand on sort d’une relation orageuse ou décevante, il peut être avisé de le faire en peu de mots
Faire une grosse colère c’est comme vomir. Ça laisse des dégâts. Il est sage de se refuser le plaisir d’éclater et de partir dignement, silencieusement.